Résumé d'emails envoyés par Bruce Schwab pendant le Vendée Globe

Les originaux (en anglais) sont sur le site de Bruce Schwab : http://www.bruceschwab.com/news.cfm

MAIL DU 28 FEVRIER 2005

109 Jours

Durée de la course : 109 jours, 58 minutes, 57 secondes. ( désormais le record américain pour une course autour du monde en solitaire et sans escale)

Au cours de ces dernières années, j’ai lutté avec acharnement pour réaliser ce rêve impossible de boucler le prestigieux Vendée Globe. A ce moment-là, j’avais entendu dire à plusieurs reprises que l’accueil de chacun des skippers à l’arrivée aux Sables d’O lonne était vraiment quelque chose. Mais jamais je n’aurais pu imaginer la réception grandiose et tumultueuse qui me fut réservée à moi et à Ocean Planet ce vendredi 25 février après 109 jours de mer.

Tôt, par un merveilleux matin froid, nous approchâmes de la ligne d’arrivée avec grande impatience :

Malgré le froid, il y avait de nombreux supporters enthousiastes sur les bateaux de presse, poussant des cris de joie pendant les dernières heures qui précédèrent la fin du voyage. Quelques minutes avant la ligne d’arrivée, une brume glaciale nous enveloppa, ajoutant ainsi un peu de mystère et de suspense à l’événement. Mais rien ne pouvait entraver ce sentiment d’exploit accompli que je ressentis lorsque mon temps de course fut annoncé à la radio et que les sirènes retentirent :

Nous nous amarrâmes à une bouée flottante à l’entrée du port pendant quelques heures, en attendant la marée haute pour entrer dans le chenal. A 15h00 heure locale, nous quittâmes la bouée et nous mîmes à descendre le chenal. Rien n’aurait pu me préparer aux heures qui suivirent…

Des milliers de gens attendaient le long du chenal et applaudissaient au milieu des sirènes assourdissantes et des cornes de brume tandis que nous paradions.

C’était incroyable !

Ce n’était qu’un début ! Lorsque nous arrivâmes au ponton presque englouti sous le poids d’une centaine d’enfants scandant " Nous aimons Bruce ", accompagnés des reporters, des officiels et de tous les autres… Quelle scène !

Après avoir arrosé de champagne tous ceux qui étaient à ma portée, on m’a transporté sur une scène en plein air pour ma première conférence de presse :

    

Cette étape s’est terminée par une danse sur scène avec des centaines d’enfants au rythme d’un air que j’avais préalablement choisi auprès d’un musicien du coin, Stephan Kolodiez. C’était super !

Ensuite tout se déroula dans un auditorium bondé pour la conférence de presse suivante. Je fus rejoint par deux amis chers d’Ocean Planet, Alice et Melissa, deux jeunes élèves qui m’ont envoyé de supers emails pendant toute la durée de ma course autour du monde. Elles avaient aussi été à bord lors notre descente dans le chenal ! Tout cela s’est terminé par un air de guitare (à la demande générale…) et avec notre équipe au grand complet sur scène.

     

Nous l’avons fait !

Oui, j’ai bien dit NOUS ! Ocean Planet a été au-delà des espoirs et des rêves de tour du monde que j’avais imaginés !

Mes remerciements vont vers vous tous qui m’avez encouragé dans ce rêve de maintes façons, surtout vers les sponsors officiels d’Ocean Planet et les partenaires de notre programme des Sciences de l’Océan ! Il y en a des tas d’autres qui ont rendu cette aventure possible… Restez à l’écoute pour davantage de nouvelles les concernant et des émissions spéciales à venir sur cette aventure unique au cours d’une vie !

Pourquoi ai-je fait le Vendée Globe ? Je me souviens à peine de ce qui m’a fait m’engager dans cette voie, mais maintenant je sais vraiment pourquoi. C’est difficile à expliquer, mais peut-être que les visages d’Alice et Melissa qui m’ont suivi autour du monde vous donneront une petite idée…

 

Merci à tous ! Bruce Schwab

MAIL DU 24 FEVRIER 2005

Une Nuit de Plus…

D’accord, j’ai parlé un peu trop tôt hier…une nuit de plus ! La célèbre baie de Biscaye (province basque espagnole), après une bonne raclée, aujourd’hui la mer était d’huile avec peu, voire pas de vent ! Au moins un banc de marsouins m’a diverti pendant une bonne heure. J’ai fait un super film, mais voici une photo de ces derniers faisant des cabrioles et nous souhaitant un bon retour en France :

Après donc une longue journée ensoleillée, la soirée nous a apporté sont lot de surprises… neige et grêle !

Bon ! Quelle drôle de façon de finir une course autour du monde… avec des marsouins et de la neige !

Les bourrasques de grêle mêlée à la neige ont apporté le vent, mais nul ne peut dire combien de temps cela va durer. En fait cela me plait bien d’avoir été retardé, comme çà je terminerai la course en plein jour. On verra et je vous le ferai savoir demain.

Merci d’avoir suivi ce si long voyage !

Bruce Schwab


MAIL DU 23 FEVRIER 2005

Dernière nuit en mer ?

Cette nuit pourrait être ma dernière en mer au cours du Vendée Globe. L’heure d’arrivée prévue aux Sables d’Olonne change toutes les cinq minutes à cause des vents capricieux, mais il ne nous reste que 165 milles à parcourir.

Il y a beaucoup à faire… En plus des changements de voiles et de la navigation, je dois répondre à des tonnes de mails, prendre un bon bain, hisser les drapeaux, procéder à un grand nettoyage (du bateau). Au moins je n’ai pas le temps de m’ennuyer.

Nous avons déjà eu droit à un premier accueil officiel …de la Marine française ! J’observais ce bateau qui se rapprochait de plus en plus sur mon radar, et alors que je m’apprêtai à les appeler par radio, ils me précédèrent. Quelle joie d’entendre qu’ils savaient qui j’étais, moi sur mon petit bateau à des centaines de milles des côtes ! C’est cool, non ?

Des vents contraires continuent à souffler, mais ils devraient prendre une direction nord bientôt. Bon, on verra !

Je donne des interviews tous les jours maintenant sur notre téléphone Iridium. Mes préférées sont celles que j’ai faites avec Ron Barr sur Sports Byline, mais tous les journalistes ont été supers. J’en ai encore quelques unes prévues aujourd’hui et bien sûr demain ! Merci à tous les reporters qui ont pris des risques pour moi, parce qu’ils pensent que le voyage d’Ocean Planet est un événement spécial. Merci tout particulièrement à Katy Muldoon de " l’Oregian " (un journal de l’Orégon) pour avoir parlé de nous quotidiennement. Je prévois d’être dans l’Oregon très bientôt et j’ai hâte d’y être pour participer à une émission sur la course du Vendée Globe, restez donc en ligne !

Encore un mot pour dire que je communique tous les jours en direct avec le PC course du Vendée Globe aux Sables d’Olonne où les supporters sont nombreux. Quel bonheur d’entendre les encouragements de tous ces gens en bruit de fond !

(…)

Demain ou peut-être vendredi le temps va se RADOUCIR.

Bruce Schwab, skipper d’Ocean Planet

MAIL DU 12 FEVRIER 2005

Jamais vraiment seul…

Tout au long de cette folle course, j’ai reçu un nombre incroyable de mails fantastiques des Etats-Unis et du monde entier. Parmi les meilleurs d’entre eux il y a ceux de fans et parmi les vraiment meilleurs sont ceux de très jeunes enfants français. Deux en particulier, Alice et Mélissa qui sont devenus des correspondants assidus tout au long de la course.

Ces derniers jours j’ai lutté, tout comme on lutte physiquement contre les vents violents, en pensant aux réalités financières auxquelles je vais devoir faire face en arrivant aux Sables. Mais quand je reçois un email de France comme celui d’Alice, comment ne puis-je pas me sentir mieux :

" Salut Bruce "

Comment vas-tu ? Est-ce que les vents te sont favorables maintenant ? J’ai écouté ta vacation aujourd’hui et tout le monde te dit " Bravo " car tu fais une bonne course. Avant le départ, les gens pensaient que ton bateau ne pourrait pas faire le tour du monde…Ils se sont trompés. Tu peux être très fier, Bruce, même si la course n’est pas terminée. Moi, je crois toujours en toi, Bruce. Donc, bon vent jusqu’à l’arrivée. Bonne journée, bonne nuit à toi et à tout ton équipage…

A bientôt, Alice.

En fait, aujourd’hui une Alice très passionnée est venue au PC course des Sables avec ses parents, et quand les journalistes ont démarré l’interview d’aujourd’hui, elle m’a parlé au téléphone. Vous DEVEZ écouter ce qu’elle m’a dit. Vous devriez pouvoir le faire sur www.vendeeglobe.fr/uk .

(…) Apparemment de nombreux supporters d’Ocean Planet se préparent à venir aux Sables pour notre arrivée ! Je devine que je ne suis pas le seul à avoir hâte de terminer cette course… Peut-être vous verrai-je à l’arrivée ?

 

MAIL DU 15 FEVRIER 2005

Un Changement agréable…

Au cas où vous n’auriez pas suivi, nous avons fait un rapide séjour à l’est pour contourner une petite dépression venant de la côte africaine.

Tout va bien jusqu’ici bien qu’on soit éventuellement obligé de faire du sur-place demain ou après-demain si on ne la contourne pas assez vite.

Mais en tout cas, comme nous naviguons sous le vent au sud de la dépression, c’est un changement agréable comparé à la difficile navigation contre le vent qui a été au menu pendant longtemps. Ce répit sera de courte durée puisqu’un vent de nord-est s’annonce. Il me sera plus facile de me diriger vers l’est. Bientôt nous nous retrouverons à lutter contre le vent. Bon, tant pis !

Comme je ne vais pas très vite, j’arriverai aux alentours du 23 ou 25 février. Je n’ai pas l’intention d’appuyer sur l’accélérateur maintenant dans la mesure où cela ne changera pas mon classement !

Voici un cliché qui date de quelques jours alors que nous étions dans la tourmente :

Voyez la différence par rapport à aujourd’hui

Pas grand-chose d’autre à raconter, si ce n’est que malgré un rationnement draconien, tout le chocolat a été englouti ! Merci à Geoff Lamdin pour le sirop d’érable du Vermont qui m’a fait beaucoup de bien de temps à autre. Geoff m’a aussi approvisionné en vitamines et boissons en poudre de Shaklee. J’ai adoré çà.

Je me sens plutôt en forme, je me dégourdis un peu les jambes qui commencent à être un peu caoutchouteuses après tout ce temps passé en mer ! J’espère ne pas tomber sur le quai quand j’arriverai aux Sables d’Olonne…

C’est tout pour l’instant !

 

MAIL DU 7 FEVRIER 2005

Faire qu’un rêve devienne réalité !

" J’aimerais profiter de cette occasion pour inviter d’autres sponsors à venir à bord avec toi pour célébrer ton arrivée héroïque et ton glorieux retour aux USA…

Tu nous as fait vivre un rêve en surmontant toutes ces épreuves…et je serais fier de prendre part à ton prochain projet. "

J.B Currell, MAS-Epoxies Ocean Planet supporter. Le 6 Février

Qu’est-ce que la coque, le mât, les lattes et la bôme ont en commun ?

Ils sont fabriqués à partir de produits qui viennent de chez MAS Epoxies. Mas Epoxies est le tout premier sponsor d’Ocean Planet et nous avons tissé des liens privilégiés au cours de ces dernières années. Vous pouvez lire ci-après la lettre que JB Currell m’a envoyée juste après que nous ayons passé l’équateur.

Bruce,

Au moment où je t’écris, tu as franchi l’équateur pour la 4e fois sur Ocean Planet, contre vents et marées. J’aimerais profiter de cette occasion pour inviter d’autres sponsors à venir à bord avec toi pour célébrer ton arrivée héroïque et ton glorieux retour aux USA… Laisse-moi te dire pourquoi je pense qu’ils devraient nous rejoindre :

Il y a 15 ans Tony Delima et moi nous sommes lancés dans le plus grand défi de notre carrière. Nous voulions apporter au monde de la navigation des systèmes de nouvelle technologie en résine Epoxy. Des systèmes comme ceux utilisés sur Ocean Planet. Nous avons découvert une technologie qui permettrait aux ingénieurs de dessiner des mâts sans haubans qui ne casseraient pas dans les océans du sud, des lattes souples et solides et des coques en bois et carbone qui seraient légères et robustes.

Mais la réalité de notre quête était au départ plus simple (…) Nous y sommes parvenus en 15 ans, en surmontant tous les obstacles avec des ressources limitées, comme toi.

Quand toi et moi avons parlé de ton projet il y a 5 ans (et oui 5 ans déjà !), j’avais très envie de t’aider. J’ai vu en toi ce rêve de surmonter les obstacles. Maintenant tu l’as fait, tout comme nous.

Quand tu as cru que c’était la fin car tu ne savais plus où trouver de l’argent, tes supporters sont arrivés. Tu as fait preuve d’une ténacité dont je suis fier. (…)

C’est ce qu’est le rêve américain. Créer quelque chose de nouveau (…) et réussir envers et contre tout. Oui, c’est nouveau et c’est différent, mais les gens verront les mâts sans haubans et les coques en bois composite autrement désormais. Tu nous as fait confiance et tu as testé ce matériel dans les pires conditions. Le résultat est une réussite. Merci de nous avoir emmenés avec toi et d’avoir cru en nous. Je serais fier de faire partie de ton prochain projet.

J’invite ceux qui croient aux rêves américains à nous rejoindre maintenant en contactant notre représentant, Geoff Lamdin, à l’adresse geoff@lamdin.net . Nous serions heureux de les accueillir ! JB Currell.

Sensass ! Merci, JB ! Il est temps que d’autres sponsors nous rejoignent ! Même avec tous les dons, prêts et aides de sponsors comme toi, nous avons eu du mal à joindre les deux bouts jusqu’au moment du départ. Mais nous avons prouvé que nous pouvions le faire et je suis très fier de représenter tous nos sponsors qui partagent ce rêve.

Il n’est jamais trop tard pour aider Ocean Planet. La tombola organisée pour soutenir Ocean Planet a été prolongée jusqu’au 11 Février. Au fait Nous avons passé l’équateur et nous nous trouvons dans l’hémisphère nord depuis samedi soir à 23h30.


MAIL DU 4 FEVRIER 2005

Rock & Roll

Voici venu le temps du " Rock and Roll "

Bien que nous soyons bientôt coincés, ou au moins ralentis, au Pot au Noir, pour le moment çà balance à bord d’Ocean Planet. Nous avons des conditions de navigation géniales.

On ne va pas aussi vite que dans le sud mais les conditions météo de ces derniers jours étaient si mauvaises qu’un peu de vitesse dans la brise était ce dont nous avions besoin.

Glisser à 12-14 nœuds sans trop d’efforts est la meilleure façon d’absorber quelques milles en direction de la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne ! On ferait bien d’en profiter maintenant car après l’équateur le temps changera. Mais aujourd’hui je ne me plains pas.

Le message d’aujourd’hui s’adresse à mon site web préféré " SAILING ANARCHY ". C’est vrai, je l’avoue, je suis en effet un navigateur anarchiste. S.A est notre supporter depuis longtemps.

S.A n’est pas fait pour tout le monde et il se pourrait que certains parents bien pensants y jettent un coup d’œil avant de laisser leur progéniture s’aventurer trop loin… Mais les éditoriaux hilarants, les superbes photos de navigation et les forums y sont très amusants. Ce site web pourrait paraître un peu fou par moments mais de nombreux marins émérites, des ingénieurs, des designers de yachts et beaucoup d’autres prennent part à ce joyeux remue-ménage. Allez voir sur le forum du Vendée Globe, par exemple !

Entre temps nous nous déplaçons vers le nord en direction de l’équateur et j’espère être de nouveau dans l’hémisphère nord dimanche. Vous savez, cette migration et le fait d’échapper à l’hiver n’est pas une si mauvaise idée ! Pas étonnant que les oiseaux migrateurs le fassent depuis si longtemps…

 

MAIL DU 3 MAIL DU 3 FEVRIER 2005VRIER 2005

ALLUMER UNE LUMIEREE

Vous voulez un flash agréable ?

J’ai des lampes électriques spéciales à bord qui ont été fabriquées par l’inventeur américain et fervent supporter d’Ocean Planet , Don " McGizmo " McLeish. Des torches exactement comme celles que j’utilise (et Rocky aussi, voyez les photos ci-dessous) sont mises en tombola sur www.candlepowerforums.com dans le but d’aider Ocean Planet et notre programme scientifique ! Dépêchez-vous, car la tombola actuelle s’achèvera le 7 Février.

Conserver l’énergie est un grand dilemme à bord. Pour éclairer les cabines, nous bénéficions de lampes LED (diode électroluminescente) fournies par " McGizmo " lui-même. (…) Lisez la super lettre de Don :

Sur Ocean Planet , Bruce doit constamment faire attention à la conservation de toutes ses ressources limitées, ce qui inclus l’énergie électrique et par conséquent la lumière. Ces mêmes considérations sont valables à un niveau global. Ceux d’entre nous qui ont la chance de vivre dans une société constamment branchée (sans jeu de mots), laissent la lumière allumée en permanence, peu conscients du fait que la lumière est à l’obscurité ce que le bruit est au silence.

J’admire l’ambition de Bruce et son esprit symbolise les valeurs qui étaient à l’origine celles de notre pays : l’ingéniosité Yankee et l’aventure par delà les connaissances et le confort. Bien qu’étant dans une position financière précaire, j’ai été heureux de fournir à Bruce cette lumière et de mettre en tombola mes propres créations afin de l’aider. On se doit de rêver. Le rêve de Bruce nous montre ce que cela veut dire que d’être en vie : trouver et suivre sa propre route.

Bruce et moi avons travaillé chez Svendsen’s Marine et partagé les mêmes intérêts pour les approches innovantes en ce qui concerne la navigation.A partir de mon expérience limitée mais passionnante de la course côtière, j’étais conscient du besoin d’un bon éclairage la nuit. J’ai ensuite travaillé pour un fabriquant de matériel inoxydable pour à la fois la Marine et des marchés industriels. A ce moment-là , j’ai découvert les lumières LED.

Quand Ocean Planet a vu le jour, Bruce m’a permis de faire des installations LED. Je n’oublierai jamais le moment où un ami commun et électricien à bord d’Ocean Planet, Liem Dao, me fit descendre dans le bateau et me montra les indicateurs de courant et de voltage. Il mit en route mon système de lumière et il n’y eut aucune indication sur les jauges que mon système avait été activé, car la puissance utilisée était trop faible. J’en fus impressionné et me sentit tout chose.

Comme Bruce continuait à travailler dans ce domaine, je me suis de plus en plus impliqué dans les lumières LED et j’ai été contacté par quelques membres du www.candlepowerforum.com qui avant tout est un forum réservé aux gens intéressés par la lumière ! Il semble que certains avaient vu que mes lumières LED étaient mentionnées sur internet et on m’a invité à devenir membre de ce forum (" McGizmo "). J’aime inventer et bricoler et il s’avère que les ‘flashlights’ sont le meilleur moyen d’exprimer mes intérêts. Maintenant j’ai mon propre forum où je peux parler des lumières que je dessine et construits avec d’autres.

Sur Internet, j’ai rencontré des gens du monde entier qui commencent à comprendre les besoins en lumière de beaucoup.

Les lumères LED ainsi que l’éclairage à circuits intégrés en général nous permettront de croire en un futur encore plus éclairé.

Ces éclairages remplaceront finalement l’éclairage incandescent. Les gens qui vivent dans des lieux pauvres et reculés pourront voir, étudier et travailler la nuit grâce à une énergie efficace. Des programmes internationaux ont été mis en place pour fournir de l’éclairage solaire LED à des enfants et des étudiants de villages ainsi qu’à des centres médicaux isolés qui étaient dans le noir jusqu’ici. De nombreux pays en voie de développement sont dans l’incapacité de fournir le niveau d’électricité nécessaire à leurs habitants. Les pannes totales ou partielles y sont monnaie courante. La possibilité de voir est considérée comme un dû par beaucoup et pourtant la majorité de la planète est dans le noir la moitié du temps…

La vie est une question d’énergie et naviguer a quelque chose à voir avec la vie. C’est aussi une adéquate transformation de cette énergie.

A un moindre niveau, je suis content d’avoir pu donner à Bruce quelques outils et procédés qui lui permettent de convertir l’électricité en photons (particules spécifiques de la lumière, du groupe des bosons, porteuses d’interactions électromagnétiques). (…)

Bruce reçoit et envoie aussi de l’énergie à ceux avec lesquels il est en communication via les prodiges des nouvelles technologies. Cette énergie est convertie en action et en inspiration. Don " McGizmo " McLeish

Merci, Don ! Continue à inventer ! C’est ce qui rend l’Amérique géniale !

 

Une histoire... qui pourrait vous arriver

Une école primaire fait un projet sur le Vendée Globe... Un groupe d'élèves choisit de suivre le skipper Bruce Schwab... Une rencontre par hasard au village avec Bruce... Le professeur d'anglais est en congé de maternité... Alice poursuit le projet avec sa maman... Elle envoie plusieurs emails à Bruce... Pas de réponse... Alice continue à écrire... Et un jour, une réponse !

Depuis, Alice échange régulièrement des emails avec Bruce. Dernière info, Alice est invitée à accueillir Bruce avec l'équipe d'Ocean Planet !

 

Samedi 12 février 2005, Alice participe à la vacation avec Bruce


MAIL DU 31 JANVIER 2005

Du matériel qui fonctionne

Quand je regarde la course d’Ocean Planet autour du monde, je constate que nous ne sommes pas si loin à l’ouest de l’endroit où nous nous trouvions il y a deux mois. C’est un élément psychologique déterminant pour moi car je me rends compte que nous avons déjà effectué notre course autour du monde et sans escale. Le défi est désormais de terminer cette épreuve.

Cela va me prendre du temps vues les conditions météo annoncées dernièrement. Actuellement nous luttons contre des rafales. Il y a des périodes de calme plat et soudain nous voilà confrontés à du vent et des pluies torrentielles. Au moins il fait chaud et la pluie nous rafraîchit par moments.

A ce stade de la course (et parce que vous êtes nombreux à le demander…), c’est le moment de faire un état des lieux et de constater que le matériel tient bon. Espérons que cela ne me porte pas la poisse ! Je touche du bois, ce qui m’est plutôt facile puisque j’en suis entouré…

Donc, dans le désordre :

-Les panneaux solaires : j’ai entendu dire que certains bateaux avaient eu des soucis. Heureusement nos modules ont été fabriqués par " Solara Energy " et ils fonctionnent parfaitement. J’adore l’énergie solaire ! Voici un cliché de deux paires de panneaux solaires en charge.

 

 

-Le système de charge : même avec les panneaux solaires on charge pas mal de choses avec le moteur auxilaire qui marche au Diesel. Notre système de charge a été fabriqué par Liem Dao LTD Marine en Californie et assemblé par le constructeur Schooner Creek Boat Works. Les batteries sont les mêmes que celles utilisées lors de la course " Around Alone ".

 

-La nouvelle bôme : ceux qui me connaissent savent à quel point je suis exigeant quand il s’agit de bômes. Ayant cassé les nôtres à deux reprises dans " The Around Alone ", j’ai pu constater que notre nouvelle bôme est à la hauteur.

- Cordes et drisses : étonnament je n’ai cassé aucune drisse ou écoute. Impressionnant, non ? Par conséquent je n’ai pas eu à grimper en haut du mât pour remplacer les drisses, ce qui est une bonne chose. Tout ce matériel a été génial !

-La communication : notre très simple système de téléphonie Iridium et ce PC portable m’ont permis de communiquer, de vous envoyer ces emails, photos, interviews avec la presse et même d’appeler mes parents pour leur dire que j’allais bien. (…)

-Le revêtement de la coque et du pont : Lors de la remise en état du bateau dans le Maine, nous avons entièrement repeint Ocean Planet et utilisé ‘International Paint Co’s Interthane Plus’ et autres produits géniaux. J’utilise ‘International Paint’ depuis des années et même depuis le temps où j’étais peintre chez ‘Svendsen’s Marine’ il y a très longtemps. Aujourd’hui, après tout le chemin parcouru, le bateau est comme au 1er jour.

-Le désalinisateur d’eau : notre désalinisateur est un " Spectra ". il a été efficace et productif.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui…



MAIL DU 26 JANVIER 2005

Terrible déception pour Nick

Quelle déception pour le skipper de Skandia, Nick Moloney ! Hier la quille de son bateau s’est cassée à environ 30cm du bas de la coque.

Cela met fin à ses espoirs d’être le 1er australien à terminer le Vendée Globe et aussi le 1er marin à avoir fait le tour du monde dans trois grandes courses : le Vendée Globe (course autour du monde en solitaire et sans escale), la Whitbread/Volvo en équipage et la course en multicoque illimitée (record de vitesse à bord du catamaran géant " Orange "). Il est aussi le seul à avoir fait en planche à voile la traversée du célèbre détroit de " Bass " de l’Australie à la Tasmanie.

Heureusement il va bien et il a réussi à maintenir son bateau d’aplomb. Il se dirige vers le Brésil.

Nick est un marin hors pair qui avait déjà joué de malchance et certainement fait face à des conditions météo terribles lors des précédentes arrivées en Vendée, mais il remontait la dernière ligne droite avec sa détermination habituelle. Nick et moi avons discuté sur le téléphone satellite Iridium de temps en temps pendant la course et il m’a toujours soutenu et remonté le moral lorsque çà n’allait pas. La fin de la course ne sera plus la même pour moi, sans lui. J’espère qu’il pourra sauver son bateau et s’engager dans un prochain défi, indemne (physiquement et psychologiquement).

Entre- temps de retour sur Ocean Planet , nous nous dirigeons vers l’est pour éviter une zone de haute pression en formation et venant du continent sud-américain. Cette option n’est pas aussi rapide que si nous avions continué le long de la côte à court terme, mais cela ira mieux dans quelques jours car nous devrions alors bénéficier d’un bon vent.

J’ai toujours du travail à faire à bord : quelques petites réparations…

Il est étonnant de voir à quel point l’eau s’est réchauffée. Il y a eu à la fois de forts courants favorables (le courant des Falkland) et défavorables en allant vers le nord.

Dans quelques jours nous nous rapprocherons de la latitude du fleuve Amazone. Le débit du fleuve est énorme et représente environ 1/5 de la quantité d’eau douce qui se déverse dans les océans ! Bon, si vous ne l’avez pas deviné, le sujet de cette semaine sur www.oceanplanet.org et www.bigelow.org/vendeeglobe est le débit du fleuve Amazone et la salinité dans les océans. Jetez-y un coup d’œil !

O.K ! Il est temps pour moi de me remettre à la couture…

MAIL DU 21 JANVIER 2005

Sortez-moi de là !

Aaarrrgghhh! Les conditions dans cette zone de l’atlantique sud ont été frustrantes !(…)

Je me suis épuisé à changer sans cesse de voiles toutes les deux ou trois heures depuis le détroit de ‘Le Maine’.

Vent terrible hier soir et le bateau tombait comme un rock et atterrissait dans un craquement retentissant. Bouger dans de telles conditions fut très difficile et j’ai pratiquement dû ramper pour me déplacer. Puis, ce matin le vent s’est apaisé …

Les craquements ont persisté des heures après que le vent se soit calmé.

Les bulletins météo ont été pratiquement inutiles. Il semble que plus rien ne soit sûr pour les prochaines 24h.

Je suis donc à la recherche du vent et j’ai du me diriger vers l’ouest dans l’espoir d’en trouver plus rapidement. J’espère seulement le trouver pour aller vers le nord-est afin d’éviter l’Argentine.

Merci à tout le monde pour les supers mails ! Désolé si je mets du temps à rentrer.

Fatigué et frustré.

 

MAIL DU 24 JANVIER 2005

On s’arrête…on avance…on s’arrête

" On the Road Again ? " çà y ressemblait hier avec une superbe journée de navigation ensoleillée, mais un nouveau front de basse pression s ‘est formé et nous a plombés hier soir en allant vers l’est, absorbant le vent et nous giflant d’une bourrasque soudaine à 2h du matin.

Le bateau a regimbé et s’est couché sur le côté pendant bien 5 secondes. Après avoir pris une bonne saucée et avoir résolu quelques problèmes dus au choc, j’ai réussi à remettre le bateau en course…

Il m’a fallu plusieurs heures pour tout remettre en état y compris rincer les vêtements trempés et repriser quelques petites choses…

Pendant ces quelques heures nous avons fait du 2 nœuds. Aïe !

Maintenant le vent se lève enfin. Mieux vaut tard que jamais…

Une des bonnes nouvelles c’est notre radar qui fonctionne vraiment à merveille bien qu’il ait souffert il y a quelques semaines. (…)

Sur la photo vous pouvez voir la zone de surveillance que j’ai définie autour du bateau.

Samedi soir nous avons traversé le banc de poissons le plus étrange et le plus phosphorescent que j’ai jamais vu. Les lumières étaient si vives qu’elles éclairaient le ciel entre 15 et 20 milles aux alentours. J’ai pensé qu’il pouvait s’agir de plates-formes pétrolières, ce qui m’a fait froid dans le dos et j’étais content de m’éloigner de l’endroit le plus vite possible.

Voici des photos de la pleine lune montant dans le ciel crépusculaire et en face un superbe coucher de soleil.

Ces deux photos ont été prises à la même heure :

 


MAIL DU 20 JANVIER 2005

Une Tasse de Vin et le Spectacle

Après avoir passé le Cap Horn, il y a le difficile choix tactique d’aller à l’est ou à l’ouest de l’île d’Estrados. Elle est montagneuse et située juste à l’extrêmité de ‘Tierra del Fuego’ séparée par le très connu détroit de Le Maine. Celui-ci est très réputé pour ses courants féroces qui provoquent des vagues turbulentes et de rudes conditions de navigation.

Etant donné les vents nord-ouest annoncés, j’ai décidé de passer par le détroit. Heureusement les courants n’étaient pas trop forts, mais en raison d’un vent léger, il nous a fallu un certain temps pour passer.

Quel endroit ! Les falaises abruptes et les montagnes déchiquetées de Tierra del Fuego sont à vous couper le souffle. En voyant une telle immensité, on ne peut que considérer avec humilité la place que nous occupons sur cette fantastique planète. Cette photo n’est pas à la hauteur du spectacle, mais…

Flash Back : Avant notre départ des Sables d’Olonne plusieurs membres d’équipage à quai du navigateur en solitaire italien, Simone Bianchetti, aujourd’hui disparu, nous avaient rejoints pour nous donner un coup de main sur le bateau. Juste avant le départ, lls m’ont offert un Magnum de vin rouge en mémoire de Simone. Je ne le connaissais pas bien, mais pendant la course " Around Alone " j’ai appris quel grand personnage il était. Il manque à beaucoup de monde. J’ai donc ouvert cette bouteille au Cap Horn et j’ai bu une tasse de vin (pas de verre à bord !) pour lui rendre hommage ! Je doute de pouvoir finir le Magnum avant l’arrivée. Si certains membres de l’équipage de Simone sont présents aux Sables dans quelques semaines, ils m’aideront à la terminer !

Depuis hier soir et aujourd’hui nous luttons contre le vent dans des conditions moins agréables que ces derniers jours dans le sud. Berk ! Ce fut difficile de naviguer en maintenant une cadence raisonnable sans faire trop de bonds. Dans ces conditions le pilote automatique s’affole (…) J’ai horreur de naviguer ainsi ! Heureusement que ce ne sera l’affaire que d’un jour ou deux.

Merci pour tous les mails que j’ai reçu après le passage du Cap Horn ! Cela me prendra plusieurs jours pour y répondre… Mais je ferai de mon mieux !


MAIL DU 19 JANVIER 2005

Le Horn

Aujourd’hui nous avons passé le Cap Horn et c’est la deuxième fois que je le contourne. La première fois c’était lors de la course ‘Around Alone’. A ce moment-là j’avais dû m’arrêter dans les îles Falkland pour réparer ma bôme cassée. Heureusement cette fois-ci je me contenterai de saluer nos amis de loin.

Le temps est doux mais maussade. Hier c’était super car j’ai pu voir les côtes chiliennes pratiquement toute la journée… J’ai vu de la neige sur les collines à l’entrée du canal Beagle. Ce doit être fantastique d’y naviguer. Ce sera pour une autre fois.

Voici une autre photo prise hier. Il se peut que vous ne voyiez pas grand chose, mais j’ai pris une photo d’Albert, un des albatros qui nous a accompagnés ces derniers jours. Vous pouvez apercevoir la côte chilienne en arrière plan…

Et c’est reparti dans l’Atlantique !

MAIL DU 17 JANVIER 05

Ces quelques jours à courir vers le Cap Horn ont été parmi les meilleurs que j’ai connus jusqu’ici. Nous avons eu beaucoup de vent et nous avons pu ‘sélectionner’ la quantité désirée. Nous avons aussi bénéficié d’énormes vagues, le genre de vagues qu’Ocean Planet et moi affectionnons particulièrement : celles qui sont formées grâce à une brise constante. Ces gigantesques alizés sont supers pour surfer et n’engendrent pas trop de casse. Ces vagues, lorsqu’elles ont le temps de se former, j’aime les imaginer plus vieilles et pleines de sagesse. Elles sont si différentes de celles conçues par les petites tempêtes intenses. La mer a de nombreuses facettes toute puissantes et certaines sont plus amicales que d’autres.

Certaines de ces vielles compagnes faisaient bien jusqu’à 10 mètres de haut et quand on peut les attraper, on gagne un tour sur les montagnes russes.

Le sujet de cette semaine sur nos sites habituels se trouve être ‘la météo des océans’. La météo est une science très humble à essayer de comprendre, mais c’est infiniment fascinant. Jetez-y un coup d’œil et voyez ce que vous pouvez apprendre pour vous-mêmes en ce qui concerne la façon dont les vagues sont formées par les vents.

C’est triste, mais après une approche grisante du Cap, il semble que nous soyons condamnés à faire du sur place. Les meilleurs choses n’ont qu’un temps et le vent va nous laisser en carafe alors qu’il nous reste encore plusieurs centaines de milles à parcourir. Il se peut que nous utilisions le Spinnaker pour contourner le célèbre Cap Horn. Il se pourrait que Conrad le contourne avant que le vent ne tombe. Même si nous l’avons un peu rattrapé ces derniers jours, il est probable qu’il soit de l’autre côté de la zone de grand calme qui se forme devant moi et qu’il puisse s’en échapper.

Bon ! Au moins il ne semble pas qu’en ce moment une tempête soit prête à jaillir devant nous avant d’avoir rampé autour du Cap.

En parlant météo, vous avez été nombreux à me demander ce qu’étaient les rapports/dossiers " grib " et comment on s’en servait.

Voici ci-dessous une photo de mon logiciel ‘Euronav Seapro’ présentant une étude sur la zone du Cap Horn.

Remarquez la situation d’Ocean Planet à l’approche de ce Cap à gauche de l’écran. Ce n’est pas facile de le voir sur cette photo, mais il y a des petites flèches indiquant le vent et un court texte sur l’écran qui donne sa direction et sa force.

On peut afficher les données à différents moments et même prévoir plusieurs jours à l’avance. (…). Il lui arrive de se tromper mais c’est mieux que rien…

Il est vrai que la navigation moderne est facilitée par le GPS, mais l’analyse tactique de la météo est sans doute plus intense et nous occupe plus que jamais.

Arr ! Le vent se meurt et je dois monter mettre plus de voile ! Dépêchons-nous !


MAIL DU 14 JANVIER 05

Encore une bonne raclée ?

A seulement quelques jours du Cap Horn, il semble que le Pacifique sud nous réserve encore une bonne raclée en cadeau d’adieu.

La tempête qui menace va décoiffer et on va déguster d’où nous nous trouvons au nord. Conrad a choisi la partie sud de la zone agitée mais dans le rapport météo le plus récent que j’ai, il semble que nous soyons tous les deux exposés quelque soit l’endroit où nous nous trouvons. Pourtant le vent qui nous accompagne actuellement souffle à plus de 10 nœuds au dessus des prévisions. Il se pourrait que j’ai tiré la ‘courte paille’. On verra !

Mon colmatage à l’avant tient bon (…). Ce n’est pas un super plan mais vous pouvez voir ci-dessous la première application de mastic sur les fissures.

Ici vous pouvez voir le compartiment avant du bateau dans lequel nous avant pris un bain rapide avant d’évacuer l’eau.

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi je préfère que l’eau reste à l’extérieur du bateau !!!

Un petit mot spécial et un grand merci aujourd’hui à Iridium Satellite qui nous permet de communiquer et d’envoyer ces photos. C’est fantastique de se dire qu’avec un téléphone Iridium et un ordinateur, on peut téléphoner ou envoyer des mails de virtuellement partout dans le monde. Ocean Planet et moi avons reçu des mails du monde entier nous souhaitant bonne route. Ils venaient de France, d’Allemagne, d’Angleterre, des Pays-Bas, du Canada, de la Nouvelle Zélande, d’Afghanistan ( !), des îles Falkland et bien sûr des USA. (…) Merci à tous !

Davantage de nouvelles demain. Espérons qu’elles soient bonnes !

 

MAIL DU 13 JANVIER 2005

Toujours quelque chose…

Aujourd’hui c’était globalement de la belle navigation, mais l’excitation du jour a été dû à la découverte de 50 litres d’eau dans le compartiment avant du bateau. (…)

Heureusement j’ai trouvé la fuite assez rapidement. Notre beaupré (mât à l’avant du bateau placé en position plus ou moins oblique) entre dans la proue à travers un tube en fibre de carbone/logement monté dans le bois tout à l’avant du bateau. Ce logement est très solide et en bon état, mais il y avait de légers éclats de carbone et de fibre de verre à l’extérieur du joint qui s’était fendu. L’eau rentrait par là, puis par le logement et ensuite s’écoulait dans la proue du bateau.

J’ai mis du mastic dans les fentes et j’ai utilisé mes doigts humides pour le modeler. Etant sans cesse aspergé d’eau de mer, il me fut facile de garder les doigts mouillés…

Aujourd’hui j’ai rempli le réservoir principal avec un de nos bidons de réserve. Il nous reste encore plus de la moitié de carburant, ce qui est une bonne nouvelle.

J’ai aussi remarqué que nous avions vraissemblablement heurté quelque chose de petit et de dur à l’avant, à peu près à mi-hauteur entre l’eau et le beaupré. Quoique ce fut, il y a maintenant une entaille de quelques centimètres. Mais comme notre proue est surtout constituée de mousse, elle a presque retrouvé sa forme originale. C’est ainsi qu’elle était censée se comporter en cas de choc, ce qui est rassurant !

Qui sait ce que nous avons heurté, mais la fente n’était pas là il y a quelques jours. Peut-être un petit morceau de glace ? J’en doute, mais hier soir nous sommes passés dans une zone d’eau très froide. Nous ne sommes pas passés très loin au nord de l’endroit où le service météo chilien signalait une groupe d’icebergs. Cela me ramène au sujet de cette semaine traité sur notre site web " Sciences de l’Océan " www.oceanplanet.org et www.bigelow.org/vendéeglobe qui s’avère être " Icebergs et Glace en Mer " ! Quelle coïncidence !

Le radar marche tout le temps maintenant mais je n’ai rien vu. Il est préférable de ne pas trop y penser, surtout si on surfe vite. Je reste toujours intentionnellement un peu au nord pour éviter la glace. Mais Nick Moloney sur Skandia, qui est encore plus au nord, a signalé trois gros objets sur son radar…probablement des icebergs ! Berk !!!

Vous aurez plus de photos bientôt, je vous le promets !

MAIL DU 10 JANVIER 2005

Le Dur Labeur

J’ai travaillé comme un fou ces derniers temps. Après avoir cédé pas mal de milles pour réparer, en autre notre quille " craquante ", nous nous sommes retrouvés coincés dans une position nord à faire face à un tempête imminente. Cela ne m’inquiétais pas trop puisque j’espérais pouvoir profiter des vents contraires pour mettre les gaz plus tôt.

Bon, vous savez ce qu’on dit à propos des meilleurs plans stratégiques…cela n’a pas marché comme prévu. Le système de basse pression s’est déplacé de telle sorte que le vent ne s’est pas levé avant des jours…

Le travail sur le compartiment de la quille s’est avéré efficace mais seulement pour un temps car l’incessant " bang " est revenu alors que nous nous heurtions de nouveau aux vagues.

Ce bruit au niveau de la quille a été perceptible pratiquement depuis la première mise à l’eau d’Ocean Planet en 2001 et je n’ai cessé de la réparer depuis.

A chaque fois qu’on a hissé le bateau pour y jeter un coup d’œil, il n’y avait aucun problème au niveau de la structure. Cependant malgré toutes mes modifications, le bruit a persisté au cours de toutes ces années. Il m’exaspère et je me sens vraiment coupable de pousser ce pauvre bateau qui se plaint si fort.

Une fois en pleine tempête, à chaque fois que j’essayais de tendre la voile pour fendre le tourbillon, aussitôt après cette manœuvre je devais dessérer la pression. Les signaux étaient clairs ; Une fois après avoir ajouté de la voile et avoir pensé " au diable ce bruit ", je me retouvai debout dans le compartiment des voiles…essayant de m’arc-bouter au gré des mouvements violents du bateau, ce qui en soit est déjà suffisamment dur. Mais alors que nous tombions d’une vague abrupte et que nous nous récupérions brusquement au creux de la vague, notre grosse ancre qui était fixée à la cloison sortit de son support et tomba directement sur moi.

Ce n’est pas une croix drôle à porter…

En colère et après environ une heure de travail , je l’ai remontée sur son support. Le bateau m’a fait remarquer qu’il y a certains moments pour avancer et d’autres pour ralentir.

En ce moment la mer est calme et le vent a tourné. Nous naviguons entre 12 et 14 nœuds. C’est étonnant de voir comme il est facile de faire prendre de la vitesse à Ocean Planet lorsque la mer est agréable. Que nous puissions ou non rattraper les milles perdus sur Conrad reste à voir. Il se dirige à nouveau vers le sud. Il semble avoir des affinités avec les icebergs et en tout cas ces derniers ne semblent pas l’inquiéter. Je vais l’avoir à l’œil de ma position plus au nord.

Voici une vue à partir du vestibule :

Je suis à 8 ou 10 jours du Cap Horn. Cela dépendra de la météo bien-sûr. En tout cas nous en sommes un peu plus près qu’il y a un mois !

Je me sens quelque peu " dans le flou " depuis cette tempête…


MAIL DU 8 JANVIER 2005

Journée de travail

Hier seulement nous surfions sous le vent dans une brise modérée, mais cela me semble une éternité. Certains d’entre vous peuvent se demander pourquoi je persiste à aller vers le nord. J’ai préféré réparer dans des conditions stables et je n’ai vraiment pas envie de me blesser les mains en recousant. J’ai aussi décidé de m’occuper de la quille et de voir si je pouvais réduire le craquement toujours présent lorsque le bateau se heurte aux vagues.

Nous entrons dans une phase de transition entre les systèmes et demain le vent soufflera du nord pendant au moins quelques jours. Les vents ne viendront pas du nord-ouest comme ils le devraient lorsqu’ils sont accompagnés de telles dépressions ici. En effet la prochaine dépression vient du nord et non du sud. Donc le fait d’être plus au nord quand le vent soufflera nous donnera plus de choix stratégiques. Nous pouvons soit rester à notre latitude soit naviguer un peu vers le sud pour prendre de la vitesse si nous en avons besoin.

Avec tout çà en tête, nous avons passé la journée à nous diriger tranquillement vers le nord tout en travaillant sur le bateau. On peut donner l’impression de faire du sur place et nous avons certainement donné quelques milles à Conrad et Benoît, mais je n’échangerais pas notre position avec celle de Benoît même pour une cargaison de chocolats. Il est bien trop au sud, ce qui ne lui laisse pas beaucoup d’options et il est en plein dans la glace.

Pour en revenir au bateau… Après avoir joué le rôle de machine à coudre humaine pendant un moment, le 1er ris est réparé…

Quant à la quille, les vis qui tenaient la cale de la quille ne remplissaient plus leur rôle et la cale avait donc besoin d’être renforcée (…) J’ai utilisé de la résine…

J’ai navigué contre le vent totalement dans la mauvaise direction pour faire bouger le bateau et agiter la quille… Bon, çà devrait aller ! On verra !

Toutes ces entourloupes m’ont occupé une bonne partie de la journée. En ce moment nous nous traînons vers le nord-est en attendant que le vent se lève (…). Je suis fatigué. J’ai fait une petite sieste et je me suis levé pour écrire les dernières nouvelles. J’entends de nouveau l’appel de la couchette. Heureusement que je peux atteindre les boutons du pilote automatique de la couchette. C’est pratique car il me faut souvent appuyer sur ces derniers pour diriger le bateau ! Demain Ocean Planet retrouvera sa cadence habituelle..

Voici quelques photos de la réparation de la quille


MAIL DU 7 JANVIER 2005

Encore plus de travail à faire…

C’est juste ce dont nous avions besoin, des tas de trucs à réparer !

Dans la journée d’hier et cette nuit, le vent n’a pas soufflé très fort mais entre les fréquentes rafales pluvieuses, il y avait du mouvement et de grosses bourrasques.

Après avoir passé la majeure partie de la journée sous la tente, hier soir j’ai hissé la grand voile.

Quelques heures plus tard une violente bourrasque nous a pris de plein fouet alors que je me reposais. Cette rafale allait à bien plus de 30 nœuds. (…) Il me sembla alors qu’une de " mes brillantes idées " n’avait pas été aussi brillante que çà !

Si vous vous en souvenez, il y a quelques semaines, j’ai du ramper à l’extrêmité de la bôme pour consolider la toile du 2nd ris. Et bien, cela avait tenu, mais supposer que les autres étaient en bon état était une erreur.

Alors que le coup de vent sévissait, il y eut un grand " bang " et je sus que quelque chose s’était cassé. Après m’être harnaché et être tombé dans le cockpit, j’ai immédiatement vu que la toile du 1er ris comme celle du 2nd avait été endommagée. Seulement cette fois-ci, elle s’était complètement arrachée…

Donc avant qu’on puisse réutiliser le 1er ris, je dois passer du temps à l’extrêmité de la bôme à recoudre la toile.

Entre-temps Conrad nous a un peu distancé au sud. Nous naviguons à peu près à la même vitesse, mais je me dirige vers le nord, ce qui est moins direct. C’est intentionnel puisque le fait d’être un peu plus au nord devrait nous aider lorsque la tempête et les grosses rafales du nord arriveront dans quelques jours. Nous aurons alors une cadence de 30/35 nœuds par le travers, ce qui avantagera plus Hellomoto que nous.

Mais si nous obtenons plus de prise au vent vers le nord de sorte que nous ralentissions plus tôt, alors nous pourrons minimiser les pertes jusqu’à ce que le vent ne retourne vers l’ouest.

Ce fut une longue nuit et j’ai besoin de repos ! Mais avant tout admirez ce beau lever de soleil :

MAIL DU 5 JANVIER 05

 

Brrr…… çà se rafraîchit maintenant !

Malgré mes tendances à aller vers le nord, nous sommes maintenant à 52° Sud. Il y a de cela un jour ou deux, Conrad sur Hellomoto signalait un iceberg de la taille du stade de Wembley à 51 325, 178 59E. Heureusement nous sommes plus à l’Est ici et l’eau y est bien plus chaude qu’elle ne l’était pour Conrad et beaucoup d’autres. Nous surveillons de près la température de l’eau pas tant pour s’assurer que la glace fond (cela peut prendre des années pour qu’un gros iceberg fonde, même dans de l’eau relativement chaude), mais parce que les différences de température nous donnent des indications sur le courant dans lequel nous nous trouvons et d’où il vient. Si elle se rafraîchit au cours de la naviguation, il se peut alors que nous entrions dans de l’eau qui vient du Sud et porteuse de glace.

C’est une coïncidence car le sujet de cette semaine sur www.oceanplanet.org et www.bigelow.org/vendéeglobe se concentre sur les courants autour du pôle dans l’antarctique. Voici un sujet que j’aimerais avoir le temps d’étudier, car cela pourrait nous être utile à nous autres naviguateurs…

En ce moment le moteur recharge les batteries et par conséquent je n’entends plus le vent et l’eau à l’extérieur (trop de bruit dans la cabine !). Mais je sens l’eau et l’air qui viennent se heurter contre la coque lorsque nous prenons une bonne vague et que le bateau commence à surfer (…) Je continue à naviguer prudemment.

Conrad sur Hellomoto n’est pas loin plus au sud et il remonte vers notre latitude comme nous descendons vers la sienne. Nous avons un vent arrière qui vient du Sud, ce qui nous permettra de repartir un peu vers le Nord. Je ne veux pas aller plus au Sud tout de suite. (…)

J’espère pouvoir couper la trajectoire de Conrad…et prendre quelques photos voire filmer si possible. De toute façon c’est bien d’avoir quelqu’un à proximité, même s’il est à 100 milles, c’est comme s’il était juste à côté.

Un sujet plus grave :

Il y a de nombreuses causes qui dépendent du soutien de donations de partout dans le monde. En fait, Ocean Planet a bénéficié de telles contributions.

Mais je n’imagine aucun besoin actuel qui soit plus important que celui des réfugiés du Tsunami en Asie. Cet exemple du pouvoir meurtrier de l’océan et de la terre nous rappelle brutalement que nous partageons tous cette ‘planète océan’ et que nous devons nous entraider quand le besoin s’en fait sentir.

J’espère que ceux qui m’ont aidé feront tout ce qui est en leur pouvoir pour aider l’Asie. Le site web officiel du Vendée Globe sur www.vendeeglobe.fr/uk met en place un appel de fonds dans ce sens.

Bruce et Ocean Planet, le bateau.

MAIL DU 3 JANVIER 05

LUNDI BIS

Il semble que je n’ai entamé mardi que d’1/2 heure et me revoilà de nouveau à lundi matin. Comment est-ce possible ? parce que je traverse la ligne internationale de changement de date (de jour) en vous écrivant ! Quand vous traversez cette ligne d’ouest en est vous perdez un jour et quand vous la traversez d’est en ouest vous gagnez un jour.

Le lundi est généralement le plus mauvais jour de la semaine, mais celui-ci me contente puisque je le vis deux fois. Aujourd’hui c’est le 2eme jour de navigation avec notre petit spinnaker " Doyle "

Avoir le spinnaker et le soleil dans l’océan du sud est vraiment quelque chose d’inhabituel !

Bien sûr je ne suis pas aussi avancé que la majorité des autres skippers et ceci est intentionnel pour plusieurs raisons. D’abord les raisons météo m’ont guidé et je voulais aussi éviter la zone des icebergs juste au sud d’ici et que nous sommes en train de laisser derrière nous.

Nous avons eu une frayeur avec le radar qui ne fonctionnait plus. De l’eau était entrée dans la boîte de contrôle du radar… Ce n’était pas bon du tout !

J’ai pris la boîte que j’ai démontée plusieurs fois pour la nettoyer, l’huiler et rincer le sel du circuit. Il ne marchait toujours pas et je m’étais résolu à terminer la course sans radar.
Finalement j’ai laissé la boîte allumée alors qu’elle ne montrait plus aucun signe de vie en espérant que quelque chose se produise…mais rien. Au bout de quelques heures je l’ai oubliée.

Trois heures s’étaient écoulées lorsqu’elle s’est remise en route. Le réseau radar s’est activé et il remarche bien maintenant. Quel soulagement !

J’ai redescendu le spinnaker car maintenant le vent est stable…

Bruce et Ocean Planet

Le coucher de soleil de notre 1er lundi. Espérons que le 2nd sera aussi beau.


MAIL DU 30 DECEMBRE 04

EN LONGEANT LA TASMANIE

C’est jeudi soir ici sur la côte sud de la mer de Tasmanie. Il y a seulement un heure que s’est terminée une interview avec les journalistes du PC course du Vendée Globe à Paris et nous avons eu une bonne conversation.

Il y avait beaucoup à dire dans la mesure où tout le monde voulait savoir pourquoi j’avais bifurqué vers le nord hier soir. J’ai obtenu aussi davantage d’informations sur les effets désastreux du Tsunami en Asie du sud.

La mer nous rappelle à quel point son pouvoir est immense et des moyens doivent être mis en place pour prévenir de telles tragédies.

Quant à nos efforts bien moins dramatiques face à la mer, je me suis battu pour rester à l’avant d’un couloir de haute pression qui nous aurait ralenti pour quelques temps si nous avions été piégés. Les options furent limitées : soit partir vers le grand sud en direction des icebergs ou aller plus au nord là où nous nous dirigeons actuellement. (…) Si on tient bon, on passera sous la Nouvelle Zélande sans être avalés par la haute pression. Si nous nous retrouvons coincés, l’avancée sera très lente.

Derrière nous Conrad sur Hellomoto profite de bons vents tandis que nous essayons de nous maintenir. C’est la vie… Il a apparament envie de naviguer en prenant des risques au milieu des icebergs au sud de la Nouvelle Zélande à 51/52° de latitude. Je lui souhaite bonne chance. (…)

Le radar est réparé, il fonctionne bien maintenant.

MAIL DU 24 DECEMBRE 04

MEILLEURS VŒUX D’OCEAN PLANET

Comme nous parcourons les mers démontées sur nos bateaux fragiles, j’écoute tous les craquements et les bruits suspects et familiers en espérant que tout aille bien.

Quand le temps est mauvais et c’est souvent le cas ici et que le bateau penche dangereusement, je m’agrippe et me demande si cela va durer, jusqu’à ce qu’il se remette d’aplomb. C’est pire quand vous essayez de dormir et que sans crier gare un fracas d’eau vient heurter la coque du bateau. En général c’est juste un gros ‘splash’ mais par moments l’océan vous rappelle combien il est tout puissant et vous fait savoir qu’à n’importe quel moment il peut vous engloutir sous des tonnes d’eau.

Je ne suis pas sûr que je pourrais faire face à ces tensions psychologiques sans l’aide de tous ceux qui me souhaitent du bien. Les emails reçus à bord dernièrement me font du bien et me donnent la force de continuer.

A cette veille de Noël j’envoie tous mes remerciements et mes meilleurs vœux à vous tous qui nous suivez dans le Vendée Globe.

On me dit souvent que je suis courageux de faire ce Vendée Globe. En vérité je ne suis pas plus téméraire que quiconque . Ce sont sans doute mes peurs qui me font faire ce que je fais. Affronter mes angoisses et relever des défis me permettent de me prouver des choses à moi-même. A tous ceux qui lisent mes histoires, je tiens à dire que mes plaisanteries et mon approche ‘légère’ sont des messages que je m’envoient, car c’est seulement grâce à l’humour et l’ironie qu’ont peut faire face aux réalités du sud, seul dans son voilier.

Ceci me rappelle ma réponse préférée à ceux qui me demande pourquoi je fais le Vendée Globe : c’est pour que vous n’ayez pas à le faire !

MEILLEURS VŒUX DE BRUCE ET D’OCEAN PLANET


MAIL DU 22 DECEMBRE 04

SAPRISTI !

Après une longue agonie, j’ai décidé de me diriger vers le nord pour réparer le radar.

C’est dommage, mais je ne peux pas faire autrement. Il semble que la seule chance de trouver de l’air plus léger dans le sud serait au cœur d’une dépression, mais j’ai décidé de ne pas tenter le coup.

Naviguer vers le nord a ses dangers puisque dans quelques jours il se peut que les vents du sud forcissent près de la Tasmanie et qu’il serait bon à ce moment-là d’être plus au sud. Les prévisions météo peuvent changer…

Ce déplacement nous coûtera beaucoup de milles. C’est le prix à payer si je veux avoir un radar en état de marche avant la Tasmanie.

Restez à l’écoute !

MAIL DU 23 DECEMBRE 04

Je me suis toujours imaginé trapèziste dans un cirque. Mais après les exercices d’aujourd’hui, je me sens définitivement trop vieux et fatigué pour ce genre d’exploit.

(…) J’étais impatient de réparer le radar…

Il est difficile d’expliquer le fonctionnement de mon système et je n’en ai pas le courage maintenant, mais j’avais besoin d’être porté dans les airs du mât à la tour. C’était très physique. J’avais à peine amarré une simple ligne que j’étais déjà exténué. Il m’a fallu grimper à plusieurs reprises pour qu’enfin les lignes fonctionnent.

Il fait trop sombre maintenat pour que je prenne des photos mais j’en enverrai demain. J’ai filmé la réparation avant la nuit, un jour vous pourrez voir çà.

J’ai besoin de repos, et demain mon grand objectif est de voir si je peux caler la quille. Elle bouge, ce qui est quelque peu agaçant…

MAIL DU 15 DECEMBRE 04

TOUTE PLAISANTERIE MISE A PART

Mon excursion vers le nord ressemble de plus en plus à une grosse erreur. Vu le vent et notre situation à la traîne.

Perdre des milles est une chose, être freiné par une dépression en est une autre et c’est ce que j’espérais éviter à tout prix. Une des raisins pour lesquelles je suis allé plus au nord était d’essayer de parvenir à dépasser cette dépression. Malheureusement celle-ci ressemble de plus en plus à un long creux qui s’étire loin vers le nord, aucune chance de la dépasser.

Elle va s’intensifier dans les jours à venir et on fonce droit dedans. Je suis resté éveillé toute la nuit pour tenter de trouver des moyens de l’éviter mais en vain.

Virer vers le sud avec le vent actuel nous renverra légèrement en arrière et il se pourrait que nous soyions bloqués de toute façon. Essayer de distancer cette dépression pourrait être une option si nous étions sur un super catamaran et non sur un monocoque.

Une autre possibilité serait de naviguer très lentement pendant les prochains jours pour rester à l’arrière de la dépression avant que cela ne devienne vraiment désagréable.

Cela ne me dit rien qui vaille. Au moins grâce au temps doux d’aujourd’hui, j’ai pu travailler sur le gréement (…).

Voici une photo de mon travail de couture sur la bôme. Vous pouvez voir la bande que j’ai ajoutée à celle existante sur la voile.

Pendant que j’étais sur la bôme, j’ai pris une photo à partir du radar (Nobelec Insight 2). Ce système fonctionne vraiment très bien…

 


MAIL DU 14 DECEMBRE 04

HOUP-LA !

Cà n’a pas du tout marché !

Il semble que la bande de haute pression que nous avions anticipée depuis quelques jours ait ralenti sa course suffisamment pour que Patrice et Joe restent devant elle. Ce matin j’ai vu qu’ils l’avaient rattrapée et que j’étais coincé ! J’aurais pu envisager d’autres stratégies…mais oublions le passé !

Il se peut que je vire mon équipe spécialiste des stratégies composée de Wilson, Priscilla et Rocky. Il semble évident que leur plan était tout bonnement d’aller vers plus de soleil et de chaleur.

Je suppose que je pourrais me plaindre mais il faut savoir tirer profit de toutes les situations. Alors au lieu de me morfondre, j’ai accepté de travailler avec mon nouveau quartet.

Nous n’avons pas beaucoup de temps pour répéter car la brume tombe et demain nous aurons du vent de nord-ouest pour nous pousser. En attendant il se peut que nous perdions quelques milles mais c’est la vie ! (that’s the way it goes !)

De plus c’est le bon moment pour faire le tour du bateau. J’ai trouvé quelques petites choses à réparer ou à remplacer…

A plus tard…


MAIL DU 13 DECEMBRE 04

JOURNEES AU BUREAU

Comme les albatros et les autres oiseaux qui accompagnent Ocean Planet en sont témoins, nous avons bien navigué tout au long du weekend.(…)

Prendre de la vitesse a été super d’autant que le bateau naviguait régulièrement entre 15 et 20 nœuds et jusqu’à 22 nœuds (d’après le GPS). J’étais content de voir qu’à ce moment là Ocean Planet était le plus rapide de tous les bateaux de la zone. Mais j’ai senti que je le poussais un peu trop et que ce n’était pas très prudent. Je ne respectais pas le plan prévu…

Samedi (ou était-ce hier ?) j’ai passé quelques heures au ralenti afin de faire quelques travaux de couture à l’extrêmité de la bôme…

La bonne nouvelle c’est que mes petits travaux de couture tiennent et j’ai tourné une vidéo me filmant accroché au bout de la bôme en train de coudre et de maudire l’attaque des vagues. Nous n’avons pas les moyens de vous l’envoyer, vous devrez donc attendre la sortie du film…

Si vous suivez les différents itinéraires des autres bateaux, vous aurez remarqué que nous nous dirigeons plutôt vers le nord. Il y a une bande de haute pression qui s’annonce ce soir et qui créera une zone un peu bizarre sans vent.

Ceux qui sont plus au sud comme Joe Seeten et probablement Patrice Carpentier vont essayer de rester à l’avant de la bande de haute pression, mais je ne pense pas que cela marcherait pour moi. J’espère donc réduire la différence entre la bande et la haute pression par le nord, en espérant que les deux ne se rencontrent pas pour nous piéger.

Mais même si c’était le cas, je serais plus au chaud que les gars plus au sud (ha ! ha !).

Entre temps j’ai passé du temps au bureau et dans notre luxueuse cuisine

MAIL DU 9 DECEMBRE 04

Des Hauts et des Bas

Aujourd’hui fut une journée bien remplie (est-ce que je le dis tout le temps ?) ici sur notre planche de surf dans les mers du sud. La petite zone de haute pression nous a enveloppés tard dans la nuit dernière et ce matin, nous donnant quelques heures d’air léger. Heureusement je n’ai pas eu à remettre de lattes.

Cet air léger a persisté suffisamment longtemps pour me permettre de m’atteler à diverses tâches. J’ai un peu modifié et remonté le sac de la grand-voile dans le vestibule. Une grosse vague l’avait déchiré la semaine dernière.

La toile de ce même vestibule a eu besoin de quelques reprises… J’ai arrangé la tête de contrôle du pilote automatique de réserve qui fuyait et j’ai passé du temps à m’occuper des deux pilotes automatiques.

Le pilote principal s’est une nouvelle fois détraqué et ma précédente réparation a donc été inefficace (…). Cela n’évoque peut-être rien pour bon nombre d’entre vous, mais il a marché pendant plusieurs jours et s’est arrêté de nouveau (…). Après une nouvelle tentative, il fonctionne bien…et je ne vais pas vous ennuyer avec les détails ! De l’eau s’est infiltrée dans le compartiment arrière (…), j’ai colmaté la brèche et heureusement tout va bien, mais j’en saurai plus à la prochaine grosse inondation (qui s’annonce ce soir ?)…

Hier j’ai fait une autre interview avec le centre de presse vendéen juste après avoir regardé le grand classique " Rock and Roll High School " de 1979 avec les Ramone sur DVD. Cela m’a remis de bonne humeur et fait oublier la nuit précédente où j’étais très inquiet à cause des pilotes automatiques…

Donc de nouveau avec le moral au beau fixe, je me suis lancé dans de longues réponses décousues et ils ont dû croire que j’avais ouvert ma bouteille de vin spécial " Cap Horn " un peu en avance…

J’ai besoin de faire une sieste maintenant… Je radote ici aussi !

Bruce Schwab

 

MAIL DU 7 DECEMBRE 04

Nous avons évité les Agulhas…

(A environ 355 milles directement au sud du Cap de Bonne Espérance et à l’extrémité sud de l’Afrique)

Et bien, il y a quelques jours nous étions bousculés par la plus désagréable tempête dont je me souvienne et on vient juste de passer la nuit dernière dans une " Bozo Zone " sans vent ! Ce matin nous étions censés naviguer entre 15 et 20 nœuds dans des vents d’ouest/nord-ouest , mais nous sommes en fait confronté à des vents légers et variables. Bon ! Au moins MAINTENANT il semble qu’on avance…

Avec notre position à l’ouest nous avons réussi à éviter le célèbre courant des " Agulhas " qui se trouve près du Cap de Bonne Espérance. En fait, pendant pratiquement toute la journée d’hier, nous avons été soutenu par un courant de 1 à 2,5 nœuds ! Ce qui veut dire que nous entrons officiellement dans les océans du sud et par là même dans le courant des mers du sud. De plus un albatros ou deux nous suit quotidiennement maintenant. J’avais presque oublié à quel point ces oiseaux sont immenses. J’apprécie qu’ils nous tiennent compagnie.

Il y a quelques semaines (si vous avez suivi), il se peut que vous ayez appris quelques petites choses sur le terrible Gulf Stream. Cette semaine sur www.oceanplanet.org , suivez toutes les infos sur le courant " Agulhas ", une zone d’eau très perfide à traverser. Je suis plutôt heureux d’y avoir échappé !

Bientôt la navigation sera fraîche, rapide et sans fin. Je vais me diriger suffisamment vers le sud pour trouver des vents d’ouest dans les prochains jours. Il semble qu’une zone de haute pression s’annonce mais nous règlerons cela en temps utile.

Le bateau semble fin prêt et je surveille tout à bord. Hier j’ai découvert que notre canot de survie intérieur (nous en avons deux, un à l’intérieur et un à l’extérieur) s’était un peu dégagé de ses attaches. J’ai donc dû le pousser avec force pour dégager le passage et heureusement, il n’avait pas endommagé les pilotes automatiques. Je l’ai désormais fermement remis à sa place…

Nous avons beaucoup de bon matériel sur Ocean Planet et je dois dire que celui que je préfère est celui d’Equiplite. Je l’utilise énormément sur le bateau, comme ces pivotants vraiment formidables pour enrouler nos gennikers et focs. Ils nous permettent d’alléger la mâture et sont très efficaces. Hier j’ai hissé la Yankee/reacher et j’ai pris un cliché du pivotant de la drisse supérieure avant de hisser la voile :

J’utilise aussi du matériel Equiplite sur les cordes qui permettent de tendre les voiles. Cela permet d’avoir un équipement plus léger et moins dangereux (pour ma tête, par exemple ! sous entendu le matériel n’est pas en métal)

Merci à Don Curchod d’Equiplite pour ce merveilleux matériel !

Je dois y aller…Le vent est retombé… Je dois remettre des lattes !

 

MAIL DU 2 DECEMBRE 04

Agitation extrême !

Quelle nuit ! quelle matinée ! et ce n’est pas fini !!

Hier soir j’étais un peu angoissé en attendant le grand vent, je n’avais pas confiance en mon pilote automatique…pour le pousser au maximum dans les mers démontées et imprévisibles. Plus tard j’ai même pensé mettre le 3e ris au cas où… J’aurais du le faire.

Tôt ce matin le renforcement du vent tant attendu arriva enfin, gorgé de bourrasques alarmantes, de pluies diluviennes et de mer déchaînée. (…)

Je vis le pilote automatique sur le point de lacher à plusieurs reprises, il était temps de barrer moi-même. Un peu de nourriture dans la poche, je m’harnachai et sortis dans la grande lessiveuse. J’ai barré pendant des heures, regrettant de n’avoir pas mis le 3e ris, mais il y avait tant de vent à ce moment-là que j’eus peur de casser des lattes ou pire si j’essayai alors.

Je n’osai pas quitter la barre comme nous affrontions des vagues terrifiantes (…). Je ne savais pas si j’allais devoir barrer une heure ou une journée entière. Il y avait de l’eau partout et par moments je n’y voyais pas à 30 mètres.

Heureusement cela n’a duré que quelques heures (qui m’ont semblé une éternité) avant que les conditions s’améliorent et me permettent de remettre le pilote automatique. Par chance, je descendis et remarquai aussitôt un peu d’eau au sol. Un rapide coup d’œil me permis de voir qu’il y avait en fait une grande quantité d’eau qui se répandait dans le placard à voiles. Je sautai dans ce lac et vis distinctement de la lumière à travers un trou dans le sol d’où l’eau jaillissait ! Il s’avérait que la prise de notre vieux transducteur de profondeur (que nous n’utilisons plus) avait sauté juste une minute avant que je descende.

Si j’étais descendu plus tard ou si la prise avait sauté alors que je barrais, il y aurait eu beaucoup plus d’eau dans le placard… Mais finalement j’ai pu épongé toute cette eau en 15 minutes. Ouf !(…)

En attendant, il est temps de prendre du repos ! Bon, après les nouvelles météorologiques, c’est à dire…


MAIL DU 30 NOVEMBRE 04

Au-delà des profondeurs…

Aujourd’hui navigation vigilante car nous sommes dans des zones de hautes et basses pressions. Bientôt nous aurons beaucoup de vent, mais en attendant, mener le bateau en essayant d’analyser la météo et de répondre à un paquet de mails m’occupe pas mal.

Heureusement nous sommes prêts pour le grand vent. Cela va être une course passionnante avec notre groupe de bateaux. (…)Mais le vrai défi sera sans doute de choisir le bon moment pour traverser la dépression dans quelques jours.Ensuite il y aura le travail désagréable de lutter contre le vent, mais choisir où le faire est la partie la plus difficile. Ce sera à la fois rude et génial, tant qu’on ne casse rien !

En parlant des plaisirs de la mer, suivez les aventures sous marines du jeune ‘Captain Eli’ sur www.captneli.com . Vous vous croyez trop vieux pour les héros de bandes dessinées ? peut être, mais personne ne dit que vous n’avez pas le droit de vous amuser avec les plus jeunes supporters d’Ocean Planet !! …

Je dois y aller et vérifier que je garde toujours le cap !


MAIL DU 29 NOVEMBRE

Ces derniers jours la navigation a été géniale. D’abord parce que nous avons contourné une zone de haute pression en formation et ensuite parce que nous l’avons longée en gardant un œil prudent sur le baromètre et les nuages. Le résultat final fut une navigation d’enfer avec le plaisir supplémentaire de combler un peu le fossé qui nous sépare des autres bateaux…

Alors que l’Amérique du Sud s’estompe derrière nous, l’eau et l’air se rafraîchissent et les oiseaux des mers se font plus nombreux comme nous abordons les mers du grand sud.

Ce que je verrai ne sera bien sûr que la surface de l’océan que nous traversons. Pourtant il se passe maintes choses dans les profondeurs et ce qui s’y passe est vraiment fascinant. Vous pouvez en savoir plus en consultant le site www.oceanplanet.org et www.bigelow.org/vendeeglobe. Il y a d’étranges créatures là-dessous.

A part la navigation j’ai encore bricolé, réparé une entaille dans un flexible…(voir photos)

C’est tout pour le moment…


MAIL DU 24 NOVEMBRE

POURSUIVRE, POURSUIVRE, TOUJOURS A LA POURSUITE…

Bonne navigation depuis le Pot au Noir, mais plutôt difficile du point de vue de la compétition. J’ai essayé différentes stratégies de navigation et j’ai quelque peu progressé, mais pas suffisamment.

Il y a plusieurs explications à cette faiblesse, ce n’est pas un mystère. D’abord les bateaux plus larges et plus modernes (dotés de matériel onéreux) sont plus à l’aise dans ces conditions, mais Ocean Planet peut encore montrer de quoi il est capable.

Avant de partir j’avais l’intention de modifier encore beaucoup de choses sur le bateau, mais je n’en ai pas eu le temps. Mieux valait être dans la course avec ce que j’avais plutôt que de passer mon temps à rêver de la faire sans jamais la faire…

(…)

Je passe mon temps à changer les voiles et le résultat est que mes bras grossissent de jour en jour, ce qui me sera certainement très utile un peu plus tard dans le course.

Une bonne nouvelle, les panneaux solaires fonctionnent à merveille. En fait je suis resté quatre jours d’affilée sans avoir eu besoin de me servir du moteur. Bien sûr j’économise un maximum l’électricité au profit du pilote automatique, de l’ordinateur, du téléphone et des lumières…. Bon, je vais voir si je peux battre ce record. J’en suis au 2e jour d’utilisation d’affilée sur cette série. Bien sûr cela va dépendre de l’absence de nuages. Chaque goutte de fuel que je peux économiser maintenant me sera utile ultérieurement lorsque j’aurai besoin de mettre le chauffage dans le froid sud…


MAIL DU 23 NOVEMBRE 04

FORMATION D'OURAGANS

Le terrible Pot au Noir est derrière nous désormais, mais cette expérience est toujours présente à mon esprit. Je garde en moi la trace de ces tempêtes tumultueuses, de ces pluies torrentielles et de l'humidité.

Mais ce qui reste aussi est l'atmosphère quelque peu inquiétante que j'ai ressentie pas seulement à cause des tempêtes locales, mais aussi parce que j'ai conscience que cette zone est le lieu de naissance des ouragans de l'atlantique nord. C'est en effet un chaudron bouillonnant d'eau qui monte et s'évapore et qui n'attend que les conditions idéales pour donner naissance à une tempête incroyable.

Je n'ai jamais été dans un ouragan et je n'en ai pas envie. Ayant vécu des vents d'un maximum de 60 noeuds sur l'eau et peut-être un peu plus sur terre, je ne peux qu'imaginer l'explosion des vagues une fois que l'ouragan atteint sa force maximale.

J'ai navigué dans "l'oeil" de tempêtes tropicales, ce qui est une expérience terrifiante, mais le simple fait de lire des récits sur la traversée de l'oeil d'un cyclone me suffit.

Plusieurs facteurs sont requis pour qu'une tempête tropicale se forme et ensuite se développe en cyclone. Du peu que je sais, un temps lourd et de l'air humide, sont des ingrédients de départ. L'air gorgé de beaucoup d'eau évaporée est en réalité plus léger que l'air plus sec. C'est donc une raison pour laquelle vous voyez des nuages et tempêtes monter en hurlant. Comme l'air s'élève, il crée une basse pression à la surface qui envoie encore plus d'air chaud et humide.

Ce qui se passe généralement dans une tempête importante est que l’air qui monte éclate en quelque sorte, l’eau dans l’air se condense (elle se rafraîchit en montant et l’air ne peut plus retenir toute cette eau qui commence à tomber). (…)

Finalement l’orage se transforme en pluies torrentielles et son énergie en vents puissants. Souvent cette énergie va parasiter une autre tempête à proximité et le processus se répètera, mettant les navigateurs à rude épreuve, mais leur épargnant une vraie tempête tropicale. Voici donc ce que les autres concurrants du Vendée Globe et moi même avons vécu dans le Pot au Noir …

De toute façon, je quitte ce lieu aussi vite que possible ! Je pars vers le grand sud où un tout autre type de temps décidera de nos destins…


MAIL DU 21 NOVEMBRE

JOURNAL DE BRUCE SCHWAB

Nous observons la vie partout sur terre. J’ai eu la chance de voir d’immenses séquoias, de luxuriantes forêts tropicales et des nuées d’oiseaux et d’insectes que nous trouvons régulièrement sur terre. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, l’essentiel de la vie n’est pas sur la terre ferme. Près des ¾ de la surface du monde sont occupés par l’océan. Une grande partie de la vie dans l’océan est concentrée principalement près de la surface et dans les eaux côtières peu profondes.

Les plantes sous-marines sont vitales pour perpétuer la chaîne alimentaire dans l’océan. Tout comme sur terre, ces plantes ont besoin de lumière pour se développer. Puisque la lumière ne pénètre pas dans l’eau très profonde, nombre de ces plantes sont en réalité de minuscules phytoplanctons qui vivent très près de la surface de l’eau où la lumière est facile à capter. Vous avez noté que parfois l’eau paraît plus verte que bleue. C’est dû à la quantité de phytoplancton qui réfléchit la lumière du soleil hors de l’eau.

Où j’habite en Californie, nous remarquons que l’océan a différentes couleurs par moments et bien sûr à quel point l’eau au large est différente de celle de la baie. De plus l’eau côtière du nord californien est étonnament froide, ce qui ne traduit pas seulement le changement de temps, mais aussi le type de phytoplancton qui se trouve là.

D’où vient cette eau froide ? Il existe un phénomène que nous appelons l’  " Upwelling ".

L’ " Upwelling ", c’est quand le changement de température fait que l’eau de mer s’inverse et l’eau froide en profondeur remonte à la surface. C’est un processus naturel qui fait remonter à la surface des éléments nutritifs nouveaux qui vont contribuer à alimenter le phytoplancton. Ce phénomène se déroule à une très grande échelle dans nos océans et ce n’est pas seulement le début de la chaîne alimentaire, mais aussi le lieu où une grande partie de l’oxygène est crée. L’ océan est source de vie sur cette planète…


MAIL DU 20 NOVEMBRE

14e jour de course


Aujourd’hui nous avons passé l’Equateur en direction de l’hémisphère sud. Il y aura encore beaucoup de navigation avant de le retraverser, c’est certain !
Ocean Planet et moi faisons de notre mieux pour coller à la flotte, mais cela va être de plus en plus dur pour un bateau comme le nôtre. Conrad et Nick sont juste à 100 miles sud-ouest de nous et vont en moyenne de 1 à 2 nœuds plus vite… Il n’y a pas plus de vent que çà. Il souffle à environ 20 nœuds, mais il retombe quand nous nous heurtons aux vagues (…)


Encore pas mal de petits travaux de bricolage aujourd’hui :
Une heure passée à l’extrémité de la baume pour recoller et raccourcir le 2nd ris (…) Aujourd’hui j’ai sorti le 3e ris comme il me fallait y jeter un œil et j’ai de nouveau grimpé pour terminer le travail sur le 2nd. C’est O.K maintenant… J’ai aussi passé du temps à ajuster la tension sur les tirants du pont autour du mât, car ils grinçaient…


Voici une photo d’une vraiment très belle petite tempête hier comme nous quittions le menaçant Pot au Noir. Remarquez l’arc en ciel en haut à gauche du nuage.


Une photo de moi, peu après…


MAIL DU 18 NOVEMBRE

Le blues de la zone des calmes

Après vous avoir raconté combien il était fantastique de naviguer dans des conditions idylliques, laissez moi vous dire que c'est terminé, la joie s'est envolée… Nous voici désormais dans les redoutés " doldrums ", la vaste zone des calmes avec ses énormes nuages orageux accompagnés de pluies torrentielles, entrecoupés de vents légers agonisants…

En à peine deux jours je suis passé d'une vitesse élevée à pratiquement rien… Aujoud'hui il y a eu une série de pluies diluviennes accompagnées de rafales de vent. (…) J'ai dormi environ deux heures en tout au cours des deux jours passés, je suis donc exténué et je vais me reposer un peu ce soir…juste après ce message, j'espère ! Mais hélas, je dois rester vigilant car davantage de nuages menaçants pointent leur nez…Zut ! Les positions de la flotte viennent d'arriver et je vais les consulter pour voir où en sont les autres. OK, je suis tout ensommeillé et l'orage se remet à gronder dehors, je dois y aller !



MAIL DU 16 NOVEMBRE

 

Conditions météo idylliques. Je ne me souviens pas avoir jamais navigué dans de telles conditions ! Le bateau adore ! On réduit petit à petit l’écart entre nous et les bateaux de tête. Il y a encore quelques petites choses à régler à bord du bateau, mais les pilotes automatiques fonctionnent bien maintenant… Quel soulagement !

Quelques petites annonces :

  • En tant que marin amené à écrire sur ses aventures, j’ai un grand respect pour les vrais écrivains. Rares sont ceux qui sont capables de vous faire vivre leur expérience à travers les mots. Brian Hancock est l’un d’entre eux. Ayant fait bien plus que moi le tour du monde et avec plusieurs grnads livres à son actif, Brian n’a pas son pareil pour vous faire vibrer. Il a fait beaucoup de navigation en solitaire et il sait combien il est difficile et combien l’homme est humble lorsqu’il essaie de naviguer autour du mond en solitaire.

Je suis donc complètement enthousiaste et heureux d’annoncer que Brian va nous rejoindre en écrivant un compte-rendu hebdomadaire sur mon aventure du Vendée Globe. Vous pourrez consulter ses articles sur le site www.brucescwab.com

Vous ne le regretterez pas…

  • Vous pouvez aussi consulter le site www.bluecollarsailor.com où vous trouvrez des photos de Jonathan Wray concernant The Around Alone. C’est super. Il y a une histoire derrière chaque photo.

En attendant notre voyage est bien entamé, et même notre invité de Portland dans le Maine, Rocky le Homard, s’amuse !

MAIL DU 14 NOVEMBRE 04

Le Gulf Stream

Dans le cadre du programme des Sciences de l’océan des laboratoires Bigelow/Ocean Planet, les membres éminents de Bigelow ont crée une étude sur les courants dans les océans, surtout sur le célèbre Gulf Stream. Même si je prends part à une course de l’autre côté de l’atlantique et que celle-ci a commencé en France, les effets du Gulf Stream sont si vastes qu’ils modifient le temps partout, de Floride jusqu’en Irelande. Même les nombreuses tempêtes qui touchent les Sables d’Olonne , en France, d’où le Vendée Globe est parti, sont souvent les effets d’eau chaude du très connu Gulf Stream.

Celui-ci est un des systèmes des océans le plus sérieusement soumis à étude dans le monde. J’aime l’imaginer comme étant un immense fleuve d’eau salée.

Il véhicule de l’eau chaude du Golf du Mexique au nord le long de la côte est des USA, puis à travers l’atlantique, créant un " fleuve " entre l’Amérique du Nord et l’Europe. Il mesure 50 milles de large et voyage à environ 5 milles à l’heure, ce qui est relativement rapide pour un courant océanique.

S’il vous est arrivé de naviguer en mer de la côte est des USA, vous avez certainement vécu une expérience " Gulf Stream " et avez sans doute de bonnes histoires à raconter !

De nombreux navigateurs, surtout ceux qui ont concouru dans les Bermudes, ont passé leur vie entière à apprendre comment appréhender le mieux possible ce " fleuve en mer " ! Le courant lui-même mis à part, l’évaporation de cette eau chaude peut alimenter des tempêtes d’une puissance terrible et effrayante.

Il se peut que vous ayez entendu parler du " North Wall " (Mur Nord) du Gulf Stream qui coule près du courant froid du Labrador qui vient du nord. Quand un système de basse pression se déplace vers cette zone, mieux vaut ne pas s’y trouver, croyez-moi !

De toute façon, si vous voulez vraiment apprendre quelque chose d’utile sur le Gulf Stream, lisez Bigelow Laboratories Ocean Sciences updates on Oceanplanet.org

Quant à moi, je vais y jeter un coup d’œil avant d’y retourner !

 

MAIL DU 13 NOVEMBRE 04

6ème jour du Vendée Globe

Ces derniers jours ont été vraiment éreintants. Pas à cause des conditions de navigation qui ont été géniales, mais plutôt à cause d’un tas de choses à faire pour régler le bateau.

Une raison pour laquelle je suis passé par les Canaries est que j’ai sérieusement pensé à jeter l’ancre pour un jour ou deux afin de me concentrer sur les choses à faire. Mais les conditions météo étaient suffisamment favorables pour que je puisse travailler sans trop perdre de temps (j’en ai déjà assez perdu). Tôt, hier, j’ai hissé notre nouveau spinnaker, baissé la grand voile et j’ai passé environ quatre heures sur la bôme à re-gréer les ris…

Dans la précipitation avant le départ, nous avons enveloppé plusieurs fois chaque bande de ris autour de la bôme pour les maintenir en place. Malheureusement, ce travail a exercé tant de pression que sur le 2nd ris la bôme avait commencé à se fissurer. Par conséquent pour 1er et 2nd ris, j’ai utilisé des sangles en cuir que j’ai enroulées une seule fois autour de la bôme. Je n’ai pas pu accéder au 3ème ris avec toute la voile au dessus de ma tête. J’essaierai donc plus tard. J’ai aussi réussi à empêcher le bloc de la grand voile de pivoter, ce qui était très agaçant.

Cette photo de ce matin vous donnera une petite idée de ce qui m’a occupé. Maintenant il s’agit juste d’accéder au 3ème ris (le rouge !)

Bon ! C’est ce que j’ai fait dans la journée. Le soir j’ai remplacé une latte cassée dans la grand voile. Avec le mât rotatif faire en sorte que les cordes fonctionnent correctement a été un vrai casse-tête pour Jason (Winkel) et moi, mais j’ai trouvé un système qui devrait marcher.

 

OK, bon ! Ensuite tôt ce matin, il m’a fallu remettre la grand voile (…)

Un peu de repos me semble une bonne idée, mais il me faut m’occuper du 3ème ris !

(…) Entre temps une course est en cours et nous avons cédé beaucoup de terrain (d’eau devrai-je dire !). Mais au moins dans les eaux plus douces des Canaries j’ai pu continuer à naviguer en travaillant. C’est mieux que d’avoir jeté l’ancre.

Bruce, grand travailleur sur bateau

MAIL DU 10 NOVEMBRE

Jour 3 du Vendée Globe

Ces derniers jours c’était super de naviguer dans des conditions sous le vent géniales. Bien que le bateau soit capable d’aller bien plus vite, je l’ai retenu pour plusieurs raisons :

  • Il y a bien sûr le pied de mât qui , j’espère, va vraiment bien.
  • Le pilote automatique de secours ne semble pas fonctionner correctement. Cela ne me préoccupe pas trop puisque le pilote automatique principal a fait le tour du monde sans poser vraiment de problème. Cependant, aujourd’hui, en surfant abruptement une vague, le système principal s’est soudain mis en mode " erreur ". Il n’y avait pas de pilote de réserve et je n’avais donc pas le choix. J’ai des pièces de rechange pour le pilote automatique principal, mais alors j’aurais du mettre le bateau en " système panne " pendant des heures pour travailler dessus.Tandis que je me faisais asperger copieusement par l’atlantique, je vis la tête de contrôle du système principal ‘beeper’ et se remettre en marche. Heureusement j’appuyai sur les boutons et il commença à manœuvrer, mais seulement pendant quelques secondes avant que toutes les têtes de contrôles (j’en ai 4) " beepent ", indiquent " erreur " et s’éteignent à nouveau.

Mais je remarquai que le 1er beep et message "erreur" s’était manifesté sur la tête de contrôle du vestibule une seconde avant les autres. Je mis le bateau à naviguer " sans vitesse minimale de manœuvre " et allai inspecter le gadget suspect. Il produisait un très léger beep par rapport aux autres, je le débranchai donc et sortis me refaire asperger.

Après avoir remis le bateau en course, je pris une inspiration salée et appuyai une nouvelle fois sur les boutons

C’était il y a environ 4 heures et pas de problème depuis. J’ai encore un peu peur de hisser la grand voile et d’avoir un ennui plus important si le pilote refait des siennes. Il y a encore pas mal de choses à régler lorsque les conditions seront plus clémentes. J’aimerais essayer de réparer le pilote de secours, mais je n’ai pas de tête de contrôle de rechange. Il y a des petites choses à traiter au niveau du gréement. Ce serait plus agréable de m’en occuper au mouillage, mais si les conditions sont plus favorables, je pourrai travailler en navigant (…)

Bon, il se fait tard maintenant, les piles sont rechargées (…)

Je me lance dans la course ou j’y vais tout doux et je la joue " sécurité " en attendant d’avoir tout réparé ? D’un côté j’ai envie d’appuyer sur l’accélérateur et de prendre des risques juste pour montrer de quoi ce bateau est capable. Mais étant donné les problèmes que nous avons eu ces derniers jours, j’ai l’impression que si je prends cette option cela ne marchera qu’un temps. La route est encore longue…


Mail du MARDI 9 NOVEMBRE 04 à 14 :14

Quelle nuit ! Navigant au nord du Cap Finistère, le vent s’est levé et j’ai installé notre nouveau et lourd spinnaker. C’est super ! Je n’ai pas vraiment réussi à dormir car le vent a durci.

J’ai mis le foc en direction du sud mais peu après çà, le dernier rapport de position montrait les navigateurs en tête restant à l’ouest. Il est bien trop tôt pour prendre de grands risques. Il était donc temps de rentrer le foc.

Comme je libérai la glissière pour le foc, j’entendis et sentis un choc ou plutôt un pan et ne savais pas d’où cela venait. Je recherchai donc l’origine du bruit.

Tout alla alors de travers :

  • tout d’abord l’ensemble de la bouée de secours fut accroché par l’écoute de la grand-voile.
  • Soudain à l’arrière du cockpit, il y eut un truc jaune en train de se gonfler et surmonté d’une lumière stroboscopique. J’ai du sauter dessus pour le dégonfler.

J’ai fini de le dégonfler ce matin et l’ai mis dans le container. N’ayant pas de cartouche de CO2 supplémentaire, il est maintenant hors service.

  • Quelques heures plus tard, je découvris un vrai problème lorsque je montai dans

Le compartiment réservé aux voiles. Le choc que j’avais ressenti était le système principal de positionnement du pied de mât qui sautait hors de son habitacle. Il avait apparamment été pulvérisé sous le poids énorme du mât quand j’ai libéré la glissière. La base de notre mât glissait d’avant en arrière. PAS BON …

J’ai réparé….çà devrait tenir…mais je vais surveiller çà de près.

Etant resté debout toute la nuit, je suis exténué. J’ai fait plusieurs siestes de 20 minutes aujourd’hui, et je sens qu’un autre petit somme m’attends…


Mail du LUNDI 8 NOVEMBRE 04 à 13 :17

 

C’est parti et j’ai du mal à y croire, mais hier a débuté l’édition 2004-2005 du Vendée Globe. Ces photos ne peuvent refléter l’importance de la foule et l’énergie de tous ces gens, mais j’espère qu’elles vous en donneront une idée. La deuxième photo montre une grande banderole accrochée par le collège Jean Monnet (établissement dans lequel je me suis rendu en Octobre) sur laquelle on peut lire : " nous avons foi en Bruce ". Qu’ils sont courageux !!!

La troisième photo montre notre ami et musicien local, Stéphane Kolodiez qui est monté à bord pour jouer un air de guitare avec moi en attendant le top départ dans la baie des Sables.

La dernière photo est une vue du bateau d’Hervé Laurent quelques heures après le départ. C’est son troisième Vendée Globe… Chapeau !!!

 



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Terre-neuve

Intérieur

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Veille du départ

Départ 1

Départ 2

Départ 3

Départ 4

Départ 5

PC Course

Totems

Arrivées


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Sur Oceanplanet, bateau de Bruce Schwab, vous pourrez aider Bruce en achetant des souvenirs "Oceanplanet": tee-shirt, casquette... ainsi que le CD de Bruce à la guitare. Cliquez ici pour voir les photos.